Les conditions de vie à Polunsky par Hank Skinner
Le 26 février  2002
Extrait d'une lettre de Hank :

ŠMaintenant, à propos des plaintes et des appels disciplinaires n°20010355562 & 63. Ces rapports disciplinaires sont le résultat d'un " fuck job " contre moi lors d'une " fouille de cellule " à 23h40 qui s'est transformée en utilisation abusive de la force et qui m'a valu ma classification au niveau III où je me trouve encore aujourd'hui. L'audience disciplinaire s'est tenu à 4h30 du matin et le Capitaine en charge de ces audiences (DHO Leroy Bailey) qui d'ailleurs n'est même pas un Capitaine assigné aux audiences disciplinaires, m'a exclu de l'audience, sans raison. #62 était pour " possession de contrebande " et #63 " tentative d'agression n'ayant provoquée aucun dommage corporel ". J'ai envoyé au substitut du Conseil de nombreux I-60 réclamant l'accès à l'enregistrement sonore de cette audience et il m'a  ignoré. J'ai continué la procédure et j'ai fait appel avant que le délai autorisé n'expire. J'ai remis ces documents en main propre à l'enquêteur des rapports disciplinaires et il a depuis, accusé réception de ces documents. Il les a depuis le 24 septembre 2001, et la réponse ou décision du 1er septembre était due le 3 novembre 2001 qui était un samedi. Du coup, la date bascule sur le prochain jour ouvrable, lundi 5 novembre 2001. J'ai attendu encore quelques jours puis j'ai envoyé un I-60 le 14 novembre 2001. Il n'y a jamais répondu. J'ai envoyé de nombreuses lettres et I-60 à chaque gradé de cette prison depuis cette date et je n'ai jamais reçu la oindre réponse de qui que ce soit. J'ai discuté l'autre jour avec l'enquêteur en charge des plaintes et il a mentionné la possibilité de me permettre un nouvel appel au-delà de la date limite, mais à l'heure d'aujourd'hui, il ne s'est rien passé. Ce rapport était pourri d'avance. Ils ne voulaient pas qu'Huntsville soit au courant de cette saloperie de fouille, du coup ils ont enterré le dossier et détruit les documents. Ils craignent que je les assigne en Cour Fédérale pour utilisation abusive de la force, donc ils n'ont jamais répondu à l'étape 1 de ma plainte interne. Sans réponse de leur part sur l'étape 1 de la procédure et sans copie du document officiel, je ne peux pas faire appel en passant à l'étape 2. De ce fait, ils m'interdisent l'accès juridique pour faire valoir mes droits en utilisant la procédure administrative comme la loi l'exige. Si je les assigne, ils me traitent de fou et disent que je n'ai pas utilisé la procédure administrative qui est à ma disposition, par conséquent le juge sera obligé de rejeter ma plainte " avec préjudice ", ce qui veut dire que je ne pourrais plus les poursuivre sur ce fait précis, jamais plus.

Il y a d'autres moyens de les combattre. Je les connais et j'ai maintenant commencé à travailler dans cette direction. Chaque fois qu'une plainte interne ou un appel disciplinaire est gagné par un prisonnier, ce qui risque de provoquer la réprimande d'un gardien ou pire son renvoi, voilà ce qu'ils font : ils détruisent les documents le plus possible et disent qu'il ne s'est jamais rien passé.

Le type à Huntsville à qui il faut que tu adresses ton courrier est Keith Clendennen, administrateur du programme des plaintes internes ou son assistante Susan Schumacher. Bonne idée d'envoyer copie de tes courriers à Johnson, Cockrell, Zeller et Lester. Ajoute donc à ta liste les Capitaines Leroy Bailey et Selester Bacon.

La réponse " aucune autre action ne sera engagée " ne nous empêche pas de déposer d'autres appels. Ils écrivent ces conneries pour décourager certains prisonniers et aussi pour prévenir le département en charge de l'étape 2 des plaintes internes qu'il y a une éventuelle responsabilité de droit civique en jeu. La politique du TDCJ est de ne jamais admettre aucune responsabilité civile sur un quelconque dossier concernant une plainte émanant d'un prisonnier ou d'un citoyen. Si de fait, ils répondent à une plainte par écrit en disant " Oops, on a merdé, mais on va rectifier ", là où il y a possibilité de poursuites pour dommages et intérêts, je pourrais les assigner et utiliser leur réponse pour réclamer un " summary jugdgement " en invoquant le fait qu'ils ont admis leur tort. TDCJ ne va pas tendre le bâton pour se faire battre ou rendre les choses faciles pour aucun prisonnier.

En ce qui concerne une enquête de I.A.D*Š En fait, toute mise en accusation pour utilisation abusive de la force est automatiquement passée en revue par I.A.D. Le problème étant bien sûr de savoir quel type " d'enquête " ils vont effectivement mener. Ils finissent par trouver ce qu'ils veulent de manière subjective. La plupart du temps, I.A.D n'enquête que dans le but de disculper un gardien de toute charge possible. S'il y a un moyen quelconque de le faire, ils le font. Par exemple, s'ils savent que d'autres gardiens vont mentir pour en couvrir un autre, mais alors le seul vrai problème reste la vidéo des événements en question qui prouve forcément la vérité. Plutôt que de renvoyer le gardien, ils détruisent la cassette, place le prisonnier au mitard pendant qu'il cicatrice, en l'interdisant de visite, bien sûr. Ensuite le fonctionnaire en charge de la caméra vidéo se prend un rapport pour " ne pas s'être assuré du bon  fonctionnement de sa caméra " ou  pour " ne pas avoir filmé l'extraction de cellule comme le règlement l'exige ". Ils suspendent le fonctionnaire en question pour 15 à 30 jours et puis ils oublient toute l'affaire. Si le prisonnier se plaint, ils répondent que les dispositions nécessaires ont été prises et que toutes façons, les dommages corporels étaient 'minimes'. Vous savez, vous pouvez vous faire sérieusement passer à tabac et cinq minutes plus tard vous n'aurez que des marques rouges et des coupures sur la peau qui ressortent comme des marques jaunâtres sur les polaroids, comme des égratignures. Les ecchymoses et les contusions n'apparaissent vraiment que 8 ou 10 heures plus tard ou le jour suivant. C'est comme ça qu'ils minimisent les cas sérieux. Ils prennent des photos tout de suite après pendant que l'intéressé n'a pas trop de contusions apparentes. Ensuite ils font venir l'infirmière pour faire un examen, leur infirmière, et elle dit " oh, il y a quelques égratignures et des contusions mais rien d'anormal pour une bagarre. Il va bien, ramenez le dans sa cellule ".

J'ai vu les photos de Tamayo. Il avait l'air assez égratigné mais sans plus. Le lendemain, je l'ai vu au mitard et il était tellement contusionné qu'il était à peine reconnaissable. Ils ont bien failli le tuer. Son visage n'était plus qu'une masse violette et ses yeux tout gonflés, son nez et ses lèvres explosés, ses yeux injectés de sang, etcŠ Si quelqu'un de l'extérieur avait pu le voir dans cet état, les fonctionnaires du TDCJ auraient sorti les photos et dit : " il allait bien pourtant, regardez ? Il s'est infligé lui-même ses blessures après avoir été ramené en cellule en se jetant contre les murs ". C'est exactement ce qui a été dit à propos du prisonnier X du couloir de la mort de Floride qui avait été piétiné à mort, brisant ainsi toutes ses côtes à coups de pieds. " Il se l'ait fait tout seul ". C'est sûr. Tout comme je peux m'envoler aussi en battant des bras. RegardezŠ

Hank Skinner #999143

… Internal Affairs Division
 

Traduction par S. Ageorges
(c) La reproduction totale ou partielle de ce document ne peut se faire l'accord préalable de l'auteur.
 
 

B A C K