Lettre de H. W. Hank Skinner adressée au Major Lester
le 7 février 2002
Cher Major,

Je vous écris afin de m'excuser de ne pas avoir fourni une réponse plus complète à vos questions lorsque vous êtes passé devant ma cellule. Je ne peux pas voir à travers ma fenêtre car le plexiglass est trop sale. Le Sergent Poole était passé un peu plus tôt pour me poser la même question et j'ai pensé que c'était lui à nouveau. Si j'avais su que c'était vous, je serais venu à la porte pour vous parler.

Pour répondre à votre question afin de savoir si je suis prêt à me faire couper les cheveux et à me raser : j'ai toujours été prêt. Avant que vous confisquiez tous nos outils d'hygiène, je me rasais tous les jours. Lorsque vous serez de nouveau disposé à me fournir des outils sûrs et désinfectés, lorsque vous me rendrez mon miroir pour que je puisse voir ce que je fais quand je me rase, je serais ravi de répondre positivement à votre demande. Si vous pensez que je vais me raser avec un des rasoirs accrochés au tableau qui aura été utilisé par n'importe quel autre prisonnier et de ce fait, m'exposer à un risque sérieux de contamination au HIV, à l'hépatite B, C, D ou E ou toute autre maladie transmissible par le sang et qu'en plus je suis sensé me raser sans miroir, au toucher avec le risque accru de me couper et de me défigurerŠje ne le ferais pas. Ni pour vous, ni pour qui que ce soit d'autre.

Vous ne pouvez pas dire que c'est de ma faute ou que ce n'est pas vrai puisque tout cela est très bien documenté dans les rapports d'audiences disciplinaires grâce aux témoignages des gardiens et de l'infirmière.

Ce que vous devriez faire, c'est endosser votre responsabilité personnelle pour ces actes plutôt que de me blâmer. Vous avez confisqué tous ces objets d'hygiène et d'entretien. Vous rendez donc impossible le rasage quotidien et l'entretien de nos ongles dans des conditions de sécurité et d'hygiène normales, pour ensuite nous faire des rapports disciplinaires pour non-respect du règlement.

Concernant un autre sujet, vous êtes sensés nous fournir des vêtements adaptés à la saison et aux conditions climatiques et ce selon des lois et règlements dûment reconnus. C'est d'ailleurs pour cela que la prison vend des caleçons longs. Dans la même lignée qui requiert que vous nous fournissiez des ventilateurs pendant l'été et ce quelle que soit notre classification disciplinaire, vous devez nous permettre de garder nos caleçons pendant l'hiver. Votre décision de les confisquer la semaine dernière était donc une erreur.

La  majorité d'entre nous au niveau II et III sont en restriction de cellule pour de longues périodes. Bien que le régime disciplinaire stipule qu'un détenu ne doit pas être soumis à une restriction de cellule de plus de 90 jours consécutifs, j'ai été continuellement et consécutivement assigné à ce régime depuis le 7 septembre 2001 - soit une période 153 jours à la date d'aujourd'hui. Selon votre règlement toujours, nous devons bénéficier d'une heure de récréation par semaine en extérieur. C'est pour cela que nous avons besoin de nos caleçons longs. La température ce matin était de - 2° C (28° Farenheit). De plus, le chauffage dans les sections E et F du block F ne fonctionne pas correctement et il fait tellement froid pendant la nuit que nos expirations forment un nuage de condensation, on peut dire qu'il fait carrément froid et nous vous serions infiniment reconnaissants de bien vouloir nous rendre nos caleçons longs. Merci de bien vouloir répondre par écrit.

Sincères salutations,

H. W. Skinner #99143

Traduction par S. Ageorges
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