EN DIRECT DU COULOIR DE LA MORT DU TEXAS
Par Paul Colella
Semaine du 14 février 2002
Le 14 février
Aujourd'hui a été assez calme mis à part DW qui a mis le feu dans sa cellule. Il a demandé à voir un gradé pendant deux heures mais en vain. On dirait que le gardien Nunely était en train de lui faire une entourloupe à propos de sa douche. Du coup, DW a mis le feu et voilà le Sergent Griffin. Comme s'il n'avait pas pu venir avant que DW ne soit poussé à bout ?

Voilà que le fonctionnaire des audiences disciplinaires a encore frappé. Ils ont à nouveau tenu l'audience sans moi ! Je n'ai eu aucune opportunité de m'expliquer. Ils me facturent $137,14. Regardez donc : le 9 janvier je suis accusé d'avoir cassé une paire de menottes $25 ainsi que l'écran de ma porte représentant un total de $53. Cette fois-ci, je suis accusé d'avoir détruit une paire de menottes et l'écran en plexiglas pour un total de $137,14. Donc ces gens me disent que les menottes plus un morceau de plexiglas coûtent $84,14. Sûrement pas. Je vais faire appel de cette décision. Ca ne va pas changer grand chose, mais bon. Ces gens sont réputés pour piquer les $. Merde, je venais juste de récupérer mes derniers $53. Enfin bon, la vie continue.

20h57 - Je ne voulais pas parler de ça mais en fait je me suis dit que je devrais quand même aborder le sujet. Mon ami, mon frère, Brian Davis #999036 alias BD a une date d'exécution pour le 7 mai prochain. C'est une nouvelle terrible car ses avocats commis d'office n'ont pas déposé d'appel dans les délais auprès de la Cour du 5ème circuit donc ses chances sont très limitées. Son appel fédéral en habeas corpus a été rejeté en octobre dernier et ses avocats ne l'en ont même pas informé. C'est exactement le genre d'avocats qui tuent les condamnés à mort constamment.

Maintenant BD se retrouve avec une date sérieuse, pas très sérieuse selon cet état sanguinaire et ça me met hors de moi alors qu'en même temps je sens les larmes monter et m'envahir le c¦ur parce que la vie d'un autre ami est en jeu. Plus le 7 mai se rapproche plus le désespoir va s'étendre. C'est une des raisons pour lesquelles je n'aime pas me faire de nouveaux amis dans ce cauchemar. L'ombre de la mort descend en chuchotant des promesses de paix et de liberté à travers cette douleur et cette torture ; vous obligeant à vous abandonner pour qu'elle dévore votre âme. SUREMENT PAS ! ! J'ai vu mourir plusieurs amis dans cet enfer. J'espère plus jamais. Si jamais j'en arrive là, je me battrais jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucune force en moi.

On a appris aujourd'hui que désormais si nous ne sommes pas gravement malades ou si nous n'avons pas d'urgences médicales, nous ne recevrons plus de soins. Alors nous allons devoir endurer tous les maux quotidiens. Ce qui est vraiment moche c'est qu'ils punissent tout le monde ici pour quelque chose que j'ai fait, ils punissent même ceux qui ne sont pas en lockdown. À nouveau, j'angoisse car nous connaissons très bien leur stratégie pour nous monter les uns contre les autres. On en a débattu entre nous et nous ne les laisserons pas utiliser ce truc vieux comme le monde contre nous. Tout mon corps est endolori, surtout mon cou et ma gorge, là où Pierce et Smith m'ont étranglé. Je vais déposer une plainte à ce propos et sur le fait que le Sergent Griffin était témoin et a laissé faire à trois reprises. Enfin bon ! !

Le Capitaine Bacon était supposé me convoquer aujourd'hui pour me parler. Je ne comprends pas pourquoi il ne l'a pas fait. J'ai entendu dire par certains que ce n'est pas un mec bien et qu'il essaye juste de me pacifier. Je jugerais par moi-même et j'espère que ce n'est pas le cas car nous avons vraiment besoin de quelqu'un qui sache écouter et qui agisse en conséquence.

Le 15 février,
20h38 - Plutôt calme aujourd'hui. Notre seul problème sont ses saletés de repas dans les sacs en papier (Johnny Sacks). Pour le dîner, nous avons eu deux sandwiches composés de pain et d'une fine tranche de fromage à l'intérieur de chacun. Donc, deux sandwiches et 20 à 30 raisins secs avec un biscuit. Le déjeuner n'était pas mieux : un sandwich à la sauce bolognaise, un sandwich au fromage et six pruneaux. J'ai faim. Comme tous les autres qui sont en lockdown. Parlons un peu des divers règlements. La sortie en récréation : nous sommes fouillés dans nos cellules et nous devons sortir en short. Le gardien apporte nos combinaisons et t-shirts et nous les remet dans la cour pour que nous nous habillons. La même chose pour le retour en cellule. Quelle que soit la température extérieure, vous ne vous déplacez qu'en short. Il n'y a aucun contact physique possible entre les détenus mais nous communiquons plutôt bien entre nous parce que les portes des cellules ne sont pas insonorisées. Nous parlons, nous rions et nous blaguons toute la journée. Nous discutons, mais nous ne pouvons pas nous voir à moins d'être dans la cellule de récréation ou ensemble dans la cour. Il n'y a pas de fenêtre en plexiglas dans les portes, juste un écran. Alors c'est assez facile de communiquer, mais on doit parler fort pour s'entendre. Au niveau I, les portes de cellule n'ont pas d'écran de protection et c'est plus simple pour communiquer.

Le 16 février,
10h30 - Hank a bloqué sa trappe. Ca fait trois heures qu'il demande à voir un gradé parce que la fille du service du courrier, en charge du courrier juridique, lui a détruit des documents. Nous n'avons pas le droit aux reliures métalliques pour nos documents juridiques. La reliure sur les siens était en plastique mais elle les a quand même déchirés sans même lui laisser l'opportunité de les reposter. Ces gens ne nous laissent aucun moyen de conserver nos papiers juridiques sans les abîmer. J'ai plus de 5000 pages de documents juridiques et chaque fois qu'ils prennent mes affaires, tout se retrouve mélangé et ça prend des heures pour tout reclasser. Quand ils retirent les reliures, ils ne nous donnent rien d'autre pour classer, tout se mélange. Ils ne nous autorisent pas non plus à utiliser des boîtes d'archives. Donc Hank a raison de se plaindre. Le Lieutenant Price est venu lui parler. Hank a libéré la trappe, j'imagine qu'ils ont trouvé un arrangement.

Le 17 février,
17h00 - Ils sont venus harceler DW vers 16h00 et ont voulu fouiller sa cellule.

Alors que j'étais en train d'écrire, le gardien Barker s'est arrêté devant ma cellule et m'a dit qu'il attendait que je lui donne sa chance. Je sais très bien de quoi il veut parler, comme tout le monde d'ailleurs. Si c'est lui l'homme de tête dans l'équipe qui fera ma prochaine extraction de cellule, j'ai intérêt à me préparer aux coups.

À 17h20, le Lt Bolton, le Sgt Thompson, la gardienne Corder avec la caméra, le deuxième homme Tatum et le troisième homme Rains sont venus à la cellule de DW. Il avait recouvert sa fenêtre et sa lumière pour qu'ils ne puissent pas voir à l'intérieur. Ils sont allés chercher une lampe torche très puissante pour regarder à l'intérieur. Thompson lui a donné l'ordre de sortir, il a refusé. Le Sgt Thompson l'a alors aspergé de gaz pendant 5 secondes. Le règlement dit : 3 fois à 5 minutes d'intervalle (j'ai calculé le temps). Le Lt Bolton est allé faire chercher un autre aérosol de gaz. Le Sgt Thompson ET le Lt Bolton ont aspergé sa cellule pendant 4 secondes. Donc il a reçu à peu près trois fois la quantité de gaz autorisée par le règlement. DW n'a pas lâché le morceau. Quand l'équipe est entrée, j'ai entendu DW hurler " je me rends ". Quelques secondes plus tard, il a hurlé que Baker lui mettait les doigts couverts de gaz dans les yeux. Ensuite Baker lui a écrasé les testicules. J'ai entendu un hurlement feutré par un masque à gaz. Il se trouve en fait que DW a mordu Baker avant qu'il ne recommence à lui mettre les doigts dans les yeux. Finalement, ils le portent et le sortent. On entend BOUM. Baker frappe DW au visage. Espérons que Corder aura filmé ça car elle était au milieu de l'action. Et en plus le Lt Bolton était témoin alors si Baker n'est pas accusé de quoi que soit, ce sera louche. S'il se pointe dans une équipe d'extraction pour moi, je ferais le nécessaire pour ne pas subir de dégâts. De tout ce que j'ai vu et entendu, c'est l'un des gardiens les plus agressifs ici, ses méthodes pour atteindre les yeux dépassent largement le cadre de la procédure autorisée pour maîtriser un détenu et je ne le laisserais pas me faire du mal de QUELQUE façon que ce soit. DW est maintenant dans sa cellule, il souffre des yeux et il a mal aux testicules, il dit que les deux sont en feu.

22h49 - J'ai écrit 4 articles pendant ces trois derniers jours et j'espère que vous allez les lire, "Hypocrisie Présidentielle ", " La Voix d'un Condamné à Mort ", " Justice Équitable ? " et " Ignorance et Mort ". Je ne sais pas pourquoi j'ai cette envie d'écrire d'un seul coup. Ce serait bien de recevoir quelques retours. Vous connaissez tous mon adresse. Comme toujours les  questions et commentaires sont les bienvenues.

Le 18 février,
Les conneries continuent. Voilà qu'ils ont mis DW en lockdown. Alors en fait, ce qu'ils nous disent c'est que si nous refusons les ordres, nous sommes placés en lockdown. Ils disent que nous sommes une menace à la sécurité de l'établissement ce qui est une connerie absolue. Je suis sûr qu'ils lui ont collé un rapport pour avoir refuser d'obéir à un ordre ce qui a entraîné une interruption de leurs opérations, ce qui est de la pure connerie parce qu'ils avaient fini leur boulot avec la bouffe et les douches. Ou alors ils vont invoquer un truc du genre : il a interrompu le contrôle de sécurité, prévu tous les quarts d'heure, que d'ailleurs ils ne font même pas. Ils essayent vraiment de nous affamer. Toujours le même repas, trois fois par jour. Un sandwich au salami (tranche fine) un sandwich au beurre de cacahuètes et 20 à 30 raisins secs. C'est tout. Au petit-déj, on a juste eu du lait en plus. Salami, salami, salami. Si je  pouvais, je prendrais le salami pour l'enfourner dans le trou de balle du Capitaine Argo à la cuisine. Tout le monde est furieux avec ces repas, j'imagine qu'il y en a au moins qui va dégoupiller avant longtemps. Je viens juste de réaliser pourquoi ils nous ont mis en lockdown. C'est parce que s'ils nous esquintent en nous passant à tabac, nous n'avons plus droit aux visites pour faire prendre des photos des bleus et des contusions. C'est logique. De cette manière, on ne peut rien prouver. Il nous faut vraiment un avocat qui puisse se déplacer dans la foulée. On a besoin d'aide.

Le 19 février,
Surprise, surprise. Un fonctionnaire de I.A.D. est venu devant ma cellule et m'a demandé si je voulais faire une déposition à propos des deux joints qu'ils avaient trouvés le 13 décembre et pour avoir " entarté " le sous directeur le 12 janvier. Apparemment, tout ça doit être envoyé à un procureur particulier pour savoir s'ils peuvent me traîner en justice. Bien sûr qu'ils peuvent le faire. C'est le bon vieux système. Mais à quoi ça rime tout çà ? Je suis condamné à mort. Crétins ! Cela ne sera qu'un gaspillage de l'argent des contribuables qui serait mieux dépensé pour la formation des gardiens sur la façon de gérer ce genre de situation et sans utilisation de la violence. Cela montre à quel point ce sous-directeur Chance n'est qu'un pleurnichard suffisant. Depuis longtemps les gradés et les supérieurs déposent contre nous mais un grand méchant supérieur, il doit avoir son piédestal. J'imagine que c'est sa façon d'envoyer un message aux autres employés, gardiens et gradés pour leur dire qu'il est bien le chef. Vraiment, ça n'est pas tellement différent de deux petits garçons qui se bagarrent, un pauvre garçon noir et un riche garçon blanc. Lequel des deux paiera le plus ? C'est la même merde ! Il ne vaut pas mieux que les autres qui travaillent ici. Je crois que c'est pour cela que j'ai entendu tellement de gardiens me dire que j'avais bien fait. Je viens justement d'en parler avec un gardien et il m'a dit que nous n'en avions pas fini avec ce genre de situation, y compris avec les gardiens. Nous verrons bien. Ca n'a pas vraiment de sens, mais je les attend. Allons donc au tribunal. Au moins, ça me sortira un peu de ma cellule. J'ai un avocat enragé et il témoignera de toutes ces brutalités et de ces tortures psychologiques qui m'ont poussé à bout. Je tiendrais un livre de compte pour savoir combien tout cela va coûter aux contribuables.

Nos efforts calmes et non-violents ont été récompensés. Le petit-déjeuner d'aujourd'hui était salami AVEC du fromage AVEC de la mayonnaise, du beurre de cacahuète AVEC de la confiture et des raisins secs. Idem pour le déjeuner avec un morceau de gâteau en prime. Merci Lt Price et à ceux qui en sont responsables.

16h00 - Harcèlement vraiment inutile. K-Loc (Kenny Parr) qui tente de redescendre au niveau I, c'est l'un des plus calmes, on ne l'entend jamais. La tactique préférée pour les fouilles de cellule est de repartir avec quelque chose. Ils n'ont pas le droit. Il avait une carte représentant l'État du Texas. Il a le droit. Nous n'avons pas droit aux cartes détaillées, mais d'autres types de cartes sont autorisées. Alors maintenant, il refuse de rendre ses menottes et le Sergent Griggs vient lui parler, aucune conclusion positive. Le Lt Lawrence qui remplace le Lt Monroe depuis qu'il est passé Capitaine, il vient parler à K-Loc, s'en va et revient en lui citant le règlement, ce qu'ils font toujours avant de préparer une équipe pour une extraction de cellule. Il continue à refuser. Il appelle son pote qui lui répond de rendre les menottes. Il le fait. Une chose est certaine, il va se retrouver avec un rapport pour pas grand chose. En fait, je ne peux même pas le blâmer pour ça parce qu'il était menotté derrière le dos. Tout ce qu'il a réussi à faire, c'est foutre en l'air son avancement au niveau II. J'ai bien essayé de chopper Griggs pour lui parler de ses gardiens qui mettent la zizanie mais il a fait celui qui n'a rien entendu. Les gardiens Fontonay et Tolly ont réussi à pousser quelqu'un à bout pour s'assurer qui ne change pas de niveau. Du harcèlement inutile. Griggs dit quelques mots à T alors qu'il passe la porte " Tout ce que tu as à faire c'est de te cramponner et je serais là ". L'antagonisme à son mieux. La torture psychologique : les gardiens qui se baladent devant nous en train de grignoter un tas de trucs, des snacks et des boissons, des pop-corns encore chauds dont l'odeur se répand partout, des beignets au chocolat, des sandwiches, des limonades pendant qu'on crève de faim. Le Major Lester vient de passer. Je lui ai demandé ce qu'il en est pour mes affaires. Il dit que c'est en cours. Puis il est allé à la cellule de Soulja, Soulja lui a demandé pourquoi il a été placé en lockdown. La réponse du Major Lester " au mauvais endroit, au mauvais moment. C'est la vie ". Rick l'a arrêté en chemin et le fin mot de l'histoire c'est " tout est en train d'être vérifié ". Rick lui a dit qu'il fallait vraiment commencer par les gardiens (ce qui est tout à fait vrai). Le Major a répondu " Ces gardiens, s'ils sont mauvais, ils seront virés ". La lutte continue.

Le 20 février,
4h15 - Petit-déj. Lt Hindsman est de service pour le service du petit-déjeuner. Ils ont des céréales et du lait. Chi Town n'en a pas, DW n'en a pas. Chi Town demande " Pourquoi on n'a pas de céréales, on est sensé en avoir ". Ltd Hindsman répond sur un ton arrogant " Pas aujourd'hui ". Ca déclenche la colère, les injures fusent, le Lt Hindsman se met à jurer. Alors au lieu d'avoir un comportement professionnel, il ne fait que rajouter de l'huile sur le feu et ça me fout hors de moi. Je commence à gueuler des obscénités. Il vient devant ma cellule et dit " Si tu es supposé avoir des céréales, je vais t'en apporter ". Je lui explique " ce n'est pas à propos des céréales, c'est à propos de votre attitude et de vos insultes ". Sa réponse " si tu me manques de respect, je te fais la même chose ". Voilà un exemple parfait de comportement non-professionnel qui, en fait, n'a fait que rajouter au problème initial. Il a fait ça devant 3 gardiens, Bransetter, qui est une tête de con de toutes façons, Kane, qui a récemment déblatéré sur la mère d'EJ ce qui est la pire insulte que l'on puisse faire à un homme et Shelton, une gardienne qui a un comportement pro.

Ce que Hindsman a fait prouve aux gardiens que c'est bien d'insulter les détenus. Lui, en tant que superviseur, est supposé être bien au-delà des problèmes d'attitude et des insultes. Il a d'autres moyens à sa disposition pour se faire respecter en utilisant les rapports disciplinaires, mais plutôt que de faire un rapport à Chi Town, il a grossi l'affaire en jurant et en l'insultant dès le départ. Ils ont déménagé BD dans une cellule de la section du death watch, au moins il est passé au niveau II, il aura un petit peu plus de visite.

7h40 - J'ai été réveillé ce matin (après m'être rendormi suite à l'incident du Lt Hindsman) par une odeur de fumée alors que l'alarme incendie s'est déclenchée et que les ventilateurs se sont mis en route automatiquement. Chi Town voulait qu'ils lui nettoient sa fenêtre (non, nous ne sommes pas capables de faire quelque chose d'aussi simple que de nettoyer nos fenêtres) mais en vain, donc il a décidé de la faire remplacer par une toute neuve. Il a calé du papier tout autour de l'écran et il y a mis le feu. Mais le plexiglas est tellement épais qu'il n'a pas fondu, ils ont dit qu'ils ne le changeraient pas. Le seul résultat intéressant c'est que maintenant quand ils viendront le chercher, ils ne pourront pas le voir. J

Jour de douche. Ils ont fouillé ma cellule, celle de T, celle de Soulja, celle de DW et celle de Chi Town quand nous étions à la douche. Rien de bien méchant.
 

Le 21 février,
Petit-déj. Maintenant, ils nous disent que ceux qui sont en lockdown n'ont pas droit aux boissons, ie. Café, thé ou limonade, uniquement nos Johnny sacks, dixit le Major Lester. Quelle bande de tarés.

14h30 - La journée a été calme. Deux gardiens plutôt sympas sont de service. Nous sommes tous curieux de savoir qui, aujourd'hui, est sur la liste des harcèlements, alors un gardien va chercher la liste et devinez qui ? Moi et K-Loc. J'ai déjà eu une fouille hier. Le Sgt Griggs était là quand ça s'est passé. Du coup, quand le gardien s'est pointé devant ma cellule, j'ai refusé de sortir. Je leur ai dit texto que je n'accepte pas d'être harcelé de cette façon. Ils sont partis et revenus avec le Sgt Griggs qui me dit que je dois sortir. Je refuse et il sait pourquoi. Ils ont passé ma cellule au peigne fin hier. " Ca n'a aucune importance, tu es sur la liste pour aujourd'hui ". Je lui répète que non, il s'en va et je prépare ma cellule, je plie ma couverture et la fixe tant bien que mal à ma table pour couvrir les coins et je mets mon matelas sur le rebord du lit. J'enfile mon pull, je mets mon bandeau, mes chaussettes et mes chaussures. Je suis prêt. Je dégage le sol et je pousse mes affaires dans un coin. Rick me prévient " Les voilà ". Je  mouille ma serviette, allons-y. " Avance toi pour qu'on te passe les menottes et prépare toi à une fouille à corps ". " Non ". Une deuxième sommation. " Non ". Je m'accroupis à côté des toilettes pour éviter le jet de gaz. Un premier jet de 4 secondes, mon visage et mes yeux sont recouverts. Ca va encore. 2 ou 3 minutes se passent. J'enlève la serviette pour souffler un peu, je tousse et je remets la serviette. Il se passe encore 2 minutes. Je tousse un peu plus maintenant. J'entends encore deux sommations. Je ne réponds pas. Un autre jet de gaz, j'ai oublié de compter. J'arrive à rester couvert pendant les 5 minutes, je me lave la figure dans les toilettes, je couvre à nouveau ma bouche. 2 sommations ou l'équipe composée de 5 gardiens va être utilisée pour l'extraction.

Crash, Boum, Bang. Je ne résiste pas et je suis maîtrisé très rapidement. Et c'est là que les violations de procédure commencent. Le règlement établit clairement que lorsqu'un détenu est menotté et enchaîné aux chevilles, il doit être emmené à la douche pour être décontaminé, il doit être déshabillé sous la douche, après la douche, on doit lui remettre un short et une combinaison, puis le re-menotter, ensuite l'infirmière fait un examen. Pendant ce temps-là, ils sont sensés décontaminer la cellule. Au lieu de tout ça, je suis déshabillé alors que je suis allongé sur le sol où le gaz stagne sur mon estomac. On m'enlève mon short de force. J'essaye de le conserver pas seulement à cause du gaz mais aussi parce que je pense à ce que ça doit être de se faire violer par les gangs. Sans défense, je suis complètement impuissant et surtout immobilisé par les produits chimiques. Je ne peux rien faire. Je me sens violé. Le gaz est partout sur mon corps nu et miraculeusement je n'ai rien sur les parties génitales. Maintenant ils doivent me remettre mon short ce qui semble prendre une éternité. Ma peau commence à brûler alors qu'ils me soulèvent. Il n'y a eu aucune violence irrégulière du style coups de poing, coups de pieds et les doigts dans les yeux et j'en suis soulagé. À 15h46, ils m'emmènent à la douche et je leur cite le règlement concernant la décontamination. Alors qu'ils me dirigent dans la cabine de douche, je leur demande de le faire selon le règlement. Ils refusent. Je leur dis que je veux être décontaminé mais le Lt Bolton dit non, qu'il ne le permettra pas. Donc je n'ai pas été décontaminé. Ca me met en colère et je leur demande de décontaminer ma cellule, toujours selon le règlement. Un gardien prend une serpillière, lance un peu d'eau et fait mine d'éponger puis il sort de ma cellule. Je refuse d'entrer parce qu'il y a du gaz sur les murs et sur la porte qui n'a pas été épongé. Alors ils m'allongent sur mon lit, retire les chaînes de cheville et commencent à me retirer les menottes. Je les préviens que s'ils m'enlèvent les menottes, je vais me retourner contre eux. Ils n'ont pas voulu me croire alors quand ils se sont reculés, je me suis levé et j'ai couru vers la porte. J'ai sorti un bras et une jambe et là, ils me sont tombés dessus sévèrement et j'ai atterri sur le lit alors qu'ils se sont empilés sur moi les uns après les autres. Du coup, ils doivent à nouveau m'attacher, mais cette fois-ci j'ai serré mes mains ensemble et je ne les relâche pas. Griggs leur dit d'utiliser un point de pression derrière mon oreille. Ca ne marche pas mais ça fait super mal. Ils me descendent du lit pour me mettre par terre. Griggs leur dit qu'ils fassent ce qu'ils ont à faire pour me passer les menottes coûte que coûte. Je sens un coup de poing sur mon flanc (je ne sais pas qui c'était) mais c'est un rien du tout, comme s'il n'avait pas vraiment voulu, mais qu'il n'avait pas le choix. Quand Griggs leur a dit d'arriver à leurs fins, je savais qu'il fallait que je me  prépare à quelques douleurs.

Ils m'ont menotté, soulevé et m'ont fait ressortir de la cellule pour que l'infirmière me fasse à nouveau un examen. Je m'en tire avec quelques coupures sur le dos, le genou, la poitrine et sur le flanc. Honnêtement, rien de très sérieux. J'ai dit à Bolton que je ne les laisserais pas me retirer les menottes tant que ma cellule ne sera pas correctement décontaminée. Il a fait venir les SSI (détenus préposés à l'entretien) qui ont apporté de l'eau savonneuse. Ils ont nettoyé les murs et Bolton lui-même a épongé le sol. Lorsqu'il est sorti de ma cellule, je lui ai dit que j'allais lui rendre les menottes s'ils les retiraient par la trappe. Ils m'ont donc demandé de m'agenouiller derrière la porte, ils ont retiré les menottes, ils ont verrouillé la porte et j'ai rendu les menottes. Je m'en suis bien sorti. Après avoir scrupuleusement frotté les murs et la porte, je me suis lavé au savon et à l'eau pour retirer la plus grande partie du gaz, à l'heure qu'il est, 19h37, ma peau me brûle mais je vais bien.

À peu près 30 minutes plus tard, j'ai vu débarqué le Major Lester. Il est venu directement à ma cellule et m'a demandé si j'avais fini de semer la zizanie. J'ai commencé par lui citer le règlement qu'ils avaient enfreint et, bien sûr, il a sa propre interprétation, de fait, rien ne peut aboutir. Il continue et fait sa loi et ça n'a aucune importance qu'il soit aimé ou pas. Alors la lutte continue.

J'ai déposé une plainte hier contre le placement en lockdown des 5 autres détenus pour les actions du 13 quand tout le monde a trinqué à cause de moi. La plainte établit que tous sont punis pour l'action d'un seul ce qui est contraire au règlement AP 03.31. Il est clairement dit que seulement les individus concernés doivent reprendre le lockdown à la journée 1 de la semaine 1. On verra bien ce qu'ils vont en dire. J'ai envoyé un I-60 au Major Lester.

À ce niveau, nous devons bénéficier d'une révision disciplinaire tous les 30 jours. Pourquoi est-ce qu'il est écrit noir sur blanc tous les 30 jours et que lui décide tous les 90 jours ? Abus typique de système de classification. Restez en ligne.

Dans la lutte et la solidarité,

Paul Colella
#999045 - Polunsky Unit
3872 FM 350 South
Livingston
TX 77351-9630
USA
paul@deathrow.at

Traduction par S. Ageorges
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