EN DIRECT DU COULOIR DE LA MORT DU TEXAS
Par Paul Colella
Semaine du 21 mars 2002
Le 21 mars

La folie a repris de plus belle. Nous avons trouvé pourquoi le directeur a débarqué hier ici avec toute sa clique. Ils ont dit avoir trouvé un couteau dans la cellule de Chi Town. Il dit que ce n'était pas à lui. Ils l'ont trouvé dans une fissure du mur. Nous n'avons pas accès à la peinture ou au plâtre, alors il devait être là depuis longtemps. À mon avis, ils n'ont rien trouvé de mieux pour justifier le harcèlement des fouilles continuelles. Les fissures dans les murs vont d'une cellule à une autre, ils auraient pu trouver le même couteau en accédant par la cellule d'à côté. Il y aussi l'éventualité que le couteau était là depuis longtemps. Avant notre arrivée ici, ces blocs étaient utilisés pour isoler les membres des gangs de la population générale. Il a plusieurs explications. Personnellement, je crois que le couteau a été placé par les gardiens. Nous ne sommes pas des anges, c'est vrai, mais j'ai vu des gardiens à côté desquels nous serions des anges. Enfin, maintenant, nous savons pourquoi ils étaient tous là hier.

Je voudrais vous expliquer un ou deux trucs. Il est évident que nous sommes tous condamnés à mort. Évident, non ? La plupart d'entre nous avons beaucoup de documents juridiques ; retranscriptions du procès, appels et divers recours, etc. Nous n'avons aucun moyen de les classer ou de les mettre en ordre. Ces documents juridiques représentent nos vies. Ces informations sont vitales et ne peuvent être remplacées qu'en dépensant beaucoup d'argent et, pour certaines choses ne peuvent même pas être récupérées.

Lorsque ces documents juridiques sont abîmés ou détruits, de fait, on joue avec nos vies. Tout cela ne signifie rien pour eux. Mais ça veut tout dire pour moi et s'ils s'amusent avec ça, je réagirais, quoi qu'il arrive, même si j'avais la télévision ou accès aux achats, etc. S'ils jouent avec ma vie, je me battrais. Il y a un autre truc auquel nous tenons beaucoup, ce sont nos photos de famille. Ce sont nos souvenirs que nous chérissons et malheur à celui qui s'en approcherait. Tout cela s'est retrouvé sans dessus dessous hier dans ma cellule, ils ont vidé tout ça par terre en vrac. Il n'y avait aucune raison valable pour agir de la sorte.

Quand je me suis réveillé ce matin, je n'avais même pas envie de bouger. Tout mon corps est endolori. J'ai eu un rapport mineur pour possession d'un miroir de contrebande (on ne peut même pas avoir un miroir en plastique) que quelqu'un m'avait refilé. J'ai un gros bleu sur le front, là j'ai cogné ma tête hier. Mon ¦il est violet, bleu et noir et ma poitrine, ouie ! mes côtes, partout et tout ça à cause de choses qu'ils n'auraient jamais dû déchirer pour commencer.

Je reviens de l'audience de guignol. Je dois maintenant $30,25 pour avoir détruit la propriété de l'état. Il me reste quelques dollars des donations de la dernière fois. Encore merci ! J'ai aussi écopé de 15 jours de restriction de cellule pour avoir refusé de rentrer de la cour de récréation le 16 mars dernier et 4 jours de restriction de cellule pour avoir refusé de me raser. Me voilà écrasé ! J

Le 22 mars,

Maintenant, pour la distribution des repas, la douche ou pour aller n'importe où, ils utilisent la caméra vidéo pour la formation. Donc il ne se passe plus rien. J Nous ne voulons rien avoir à faire avec la formation du personnel. Même pour la distribution du linge, ils filment. Quelle farce.

Aujourd'hui, mon corps ne suit pas correctement. J'ai du mal à écrire parce que ma main me fait mal mais le pire c'est les côtes et mon orteil. L'hématome de mon gros orteil s'est étendu jusqu'à mon petit doigt de pied et ça fait mal. Mais ça ira mieux dans quelques jours.

Le 23 mars,

J'ai oublié de mentionner hier quand je suis allé à la douche, le sergent Poole était de service. Bien sûr tout était filmé quand ils nous ont emmenés aux douches. Une fois sous la douche, ils ont coupé la caméra jusqu'à ce qu'ils viennent nous chercher pour repartir. Quand nous sommes sous la douche, c'est là qu'ils fouillent les cellules. Je dois créditer Sergent Poole, les gardiens Ramirez et Balaton. Ils ont fait attention à nos affaires, effectué une fouille complète sans balancer nos affaires et sans rien détruire, je leur en suis reconnaissant parce que j'en ai marre de trier et de réorganiser mes documents juridiques et mes photos (nous n'avons pas le droit d'acheter d'album photos au niveau III).

J'ai reçu du courrier qui m'a réchauffé le c¦ur. Nanon Williams, un prisonnier du niveau I, tente d'organiser une protestation pendant 60 jours. Ce sera comme un lockdown imposé par les détenus qui entraînera la cessation des récréations, des douches, des achats sauf pour les timbres et les produits d'hygiène. Le plus important sera la cessation de tout échange avec les gardiens mis à part pour montrer les cartes d'identité pour le courrier, pour l'appel et pour les visites. Il va faire circuler un article à ce sujet. Alors gardez les yeux ouverts. Ça devrait commencer le 1er mai jusqu'au 1er juillet. Alors, s'il vous plaît, encouragez vos amis à participer à cette action non-violente pour attirer l'attention sur notre enfer.

Nous allons voir qui est sur la liste du harcèlement pour aujourd'hui.

21h34 - Nous avons un vrai enfoiré de garde ce soir. Il n'a fait qu'énerver tout le monde toute la nuit en allumant et en éteignant cette lumière qui débloque. Tout ce que ça fait, c'est une espèce de bourdonnement et en plus il allume le système d'interphone toutes les 15 ou 30 secondes, ensuite, il s'assoit et rit d'être aussi con. Le gardien Bogosin.

J'ai été fouillé, cela s'est déroulé calmement donc la journée reste sans histoire. Une pensée à méditer avant d'aller dormir : " Sans courage, toutes les autres vertus perdent leur sens. "  Winston Churchill.

Le 24 mars,

10h00 - J'ai l'impression qu'ils font de leur mieux pour m'exaspérer. L'heure du déjeuner, un Johnny sack. J'ai deux sandwiches au beurre de cacahuètes et 4 prunes alors que les 3 autres ont deux hot dogs avec du pain, un sandwich au beurre de cacahuètes et quelques prunes. Je montre mon sac au Sergent Poole et il rectifie le tir. Il y va lui-même et me ramène deux hot dogs.

Pour une raison inconnue, ils marquent nos noms sur les sacs. Cela montre clairement qu'ils donnent certains types de repas à des prisonniers choisis. Pourquoi alors que les sacs sont censés contenir les mêmes choses ? Auraient-ils des choses en vue pour certains d'entre nous ? ou suis-je simplement parano ? Je ne le crois pas parce que je sais qu'il y a quelques gardiens revanchards ici.

Je viens de lire deux bouquins très intéressants. L'un s'intitule " Prison Madness " par Dr Terry Kupers. C'est une analyse clinique de notre système carcéral et la façon dont les prisons sont utilisées pour pousser les hommes au-delà de leur santé mentale. Il explique comment de nombreux détenus perdent la tête et ce qu'il faut faire pour éviter d'en arriver là. Très, très intéressant. Le deuxième livre s'appelle " Prison Masculinities ". Il parle principalement du milieu carcéral des hommes, la façon de penser des prisonniers. C'est très dérangeant mais très réaliste comme perspective de ce qu'il se passe derrière les barreaux. MAIS j'ai vu et expérimenté en direct très peu de ce qui est décrit dans le couloir de la mort. Ici, c'est un monde à part et la structure de la masculinité et son mode de pensée sont différents. Attention, la majeure partie de ce qu'il (Don Sabo et les co-auteurs) décrit est bien exacte mais d'un autre niveau. C'est plus subtil. Ces livres sont très bien, je les recommande à tous ceux qui  souhaitent avoir une perspective fiable sur le monde carcéral. La discrétion parentale est de mise.

On vient de découvrir un autre truc à propos duquel nous nous faisons avoir. D'après le code disciplinaire, page 8 # 3 Death Row, une fois la limite des 90 jours de restriction de cellule atteinte, toute restriction de cellule et/ou perte du privilège de récréation ne peuvent être appliqués avant qu'un cumul de 90 jours ait été atteint ou que la sanction ait été levée. Ils ne font qu'additionner de plus en plus de jours au-delà des 90. Je suis en restriction de cellule depuis le 13 décembre dernier et Hank depuis septembre dernier. Chi, DW, Rick, Soulja, nous tous. Quand j'en ai parlé au conseiller, il me dit que j'ai raison. Maintenant, il faut qu'il recalcule toutes nos durées de restriction de cellule. Je ne sais pas trop comment ça va fonctionner, mais je vous tiendrais au courant.

Le 25 mars,

Je vais juste de mettre la main sur une réponse du bureau de l'Ombudsman et il m'a fallu toute la meilleure volonté du monde pour ne pas me mettre à jurer et à hurler. Il y a certains menteurs qui mériteraient de vivre ici dans le couloir pour se rendre compte de l'enfer que nous vivons.

Chaque jour passe et aucun programme de travail n'a été mis en place, de fait, le TDCJ va à l'encontre d'une décision judiciaire. Pas de manque de personnel, sinon la commission en parlerait. Ils ne respectent pas la loi, point.

La réponse dit " C'est la politique du TDCJ de fournir un statut non-punitif pour les condamnés à mort ". Pourtant nous sommes logés dans un bâtiment spécialement conçu pour une ségrégation punitive. La population générale a la télévision, pourquoi pas nous ? Parce que nous sommes classés par un système de ségrégation administrative punitif. La population générale a accès aux ateliers d'artisanat, pourquoi pas nous ? La population générale a des repas " chauds ", des vêtements " propres ", accès aux programmes d'éducation, aux offices religieux, pourquoi pas nous ? Parce que nous sommes sous le régime de la ségrégation administrative qui est punitif. Non punitif, mon ¦il. Non-punitifŠ

Ça doit être la meilleure farce du siècle. La lettre dit aussi : " Alors que les détenus peuvent choisir de provoquer un dérangement, ceci ne signifie pas qu'ils recevront les privilèges ou les conditions qu'ils demandent. Notre agence observe le bien-être médical de ces détenus, néanmoins, ceux-ci ne font pas le règlement ". D'une part, SI LE COULOIR DE LA MORT, tout le couloir mettait de côté sa peur de la punition et élevait la voix, créaient des perturbations (hypothétiques), quelque chose changerait. Ils sont très imbus d'eux-mêmes en pensant le contraire. Ceux d'entre nous qui causent des perturbations ne demandent aucun traitement de faveur. Nous voulons ce à quoi nous avons le droit. Nous ne voulons pas changer ou ajouter au règlement. Nous voulons que le règlement actuel soit respecté. Ces gens ne surveillent pas du tous nos états de santé. C'est n'importe quoi. Demandez leur plutôt pourquoi ils sont si rapides à prendre des photos après une utilisation abusive de la force. Simplement parce que les contusions n'apparaissent pas aussi vite que ça. Ils ne surveillent rien du tout.

" Les lockdowns ne sont pas appliqués pour punir les détenus mais pour assurer la sécurité des détenus et du personnel. " DE LA CONNERIE ! ! ! Et encore plus de connerie. Cette prison existe maintenant depuis plus de 10 ans ou à peu près ? ? Depuis tout ce temps, les détenus ont bloqué la cour de récréation en moyenne une fois par jour. La seule raison pour laquelle nous sommes en lockdown c'est pour nous punir de notre mouvement de protestation. Il n'y a eu que deux actes de violence de notre part, l'un venait de moi le 31 janvier dernier quand Rick a été passé à tabac. Nous n'avons jamais été violent, rien de plus que des empêcheurs de tourner en rond. Jamais nous n'avons été une menace à la sécurité de cet établissement ou à la sécurité du personnel. Nos actions se résument à un refus de bouger ce qui les a obligés à utiliser la violence contre nous. Il n'y a jamais eu de perturbation sérieuse qui ait mis en péril la routine de la prison. Nous sommes enfermés dans nos cages derrière une porte pleine en acier, c'est dans une cage, c'est-à-dire derrière deux autres portes en acier, deux portails et un piquet de contrôle, deux clôtures de barbelés et des centaines de gardiens avant que nous puissions avoir accès à une autre porte qui mène au reste des bâtiments. Où est la menace ? ? ? ? Tout cela n'est qu'un lockdown pour nous punir.

Dans le dernier paragraphe, Dona Brown dit : " TDCJ-ID est fière d'employer du personnel compétent, responsable et intègre ". Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Employez donc des gens sans casier judiciaire pour commencer. Ils ont embauché à l'aide sociale et un gardien avec qui j'ai parlé m'a avoué qu'il était sans domicile fixe et qu'il a vu une annonce à la soupe populaire de l'Armée du Salut. Les gardiens n'ont besoin d'aucun diplôme pour travailler ici. TDCJ doit les former. Leur formation consiste en 6 semaines pendant lesquelles ils ne reçoivent AUCUNE formation particulière pour gérer le couloir de la mort. Il n'y a aucune enquête sur leurs passés criminels. Cette bonne femme est vraiment dingue d'écrire des trucs pareils. Tous ces gens travaillent pour l'état et ne sont pas considérés en tant qu'individu. Des marionnettes au bout d'un fil. Ils font ce qu'on leur demande et ils vont aimer ça. Ils n'ont pas d'autres choix. Bon il faut que je m'arrête là pour le moment parce que je suis trop énervé. Je reviendrais plus tard.

14h37 - Bon, ça va mieux, j'ai pris un peu de temps pour me calmer, mais cela n'a pas fait grand chose. Il n'y a qu'à courber l'échine. Je viens de relire la lettre. Je n'arrive pas à croire comment ces gens mentent pour se protéger. À un moment, la lettre de Donna Brown mentionne que le recrutement est lent. Maintenant, nous entrons dans le monde de la bureaucratie carcérale. La raison pour laquelle le recrutement est lent, c'est parce que Zeller en a dégoûté tellement avec ses conneries. Ils devraient regarder les salaires qui sont bas. Le système carcéral du Texas est une industrie multimilliardaire basée sur le travail des détenus/esclaves. Comme il n'y a personne pour payer pour faire tout ce travail, où vont tous ces $$$$$$ ? L'argent va dans les poches des bureaucrates, voilà où il va. Il ne va certainement pas vers le recrutement. Avec les salaires appliqués ici, c'est un miracle qu'ils trouvent du personnel pour travailler dans une prison. Une industrie qui dégage plusieurs millions de dollars de bénéfice et qui ne paie pas ses employés, ça je n'arrive pas à le comprendre.

Je viens de recevoir mon formulaire de classification signé par le Major Lester, le Lieutenant Price et Roach. " Maintien au niveau III pour agression récente sur un employé ". Je n'ai eu aucun rapport de ce type depuis plus de deux mois. Le mois dernier, le formulaire disait " Maintien au niveau III pour violations disciplinaires récentes ". Qui détermine ce qui est récent ?

18h11 - On dirait que Massey n'est pas un homme de parole. Il avait dit qu'il nous convoquerait pour parler avec nous aujourd'hui mais il n'a fait appelé personne pour le moment. J'imagine qu'il a juste dit ça pour dire quelque chose.

19h01 - Ils viennent de placer Bronco Bobby Hopkins au niveau III.

Voici la liste de ceux qui sont au niveau III :

Section F

83 - Douglas Feldman
81 - Rick Cartwright
80 - Hank Skinner
79 - Daryl Wheatfall
78 - Kenny Parr
76 - Paul Colella
74 - Tommie Hughes
73 - Leon Dorsey IV
72 - Rick Rhoades

Section E

70 - Raymond Martinez
69 - Victor Saldano
66 - Lonnie Pursley
65 - Michael Blue
62 - Bobby Ray Hopkins
61 - Charles Mines
59 - Gilmar Guevera
58 - Robert Thompson
57 - Elkie Taylor

Je vais essayer de faire une mise à jour régulièrement.
 

Le 26 mars,

Aujourd'hui, Rick, Chi Town et moi sommes au jour 2 de la semaine 2. Ils ont laissé DW en lockdown, donc il ne reste plus que nous trois. Journée calme, rien de spécial.

Demain, c'est le jour de la douche. On verra comment ça se passera. Juste une petite visite du directeur Zeller. Il s'est arrêté à ma cellule pour me prévenir qu'une amie Anglaise, Diane, avait téléphoné hier pour prendre de mes nouvelles. Il a ajouté qu'il n'était pas obligé de me le dire mais qu'il lui avait promis de le faire. Il s'est retourné et il est parti.

C'est la dernière manifestation dehors aujourd'hui. On a fini par en rendre quelques-uns fous et d'autres heureux. Mais la chose principale est de montrer une forme de solidarité qui n'avait jamais existé auparavant et c'est très important.

7h50 - Le gardien Brown et un autre gardien sont venus chercher Rick convoqué au bureau de Massey. Le gardien de service les a arrêtés et dit qu'il fallait la présence d'un responsable et qu'il fallait aussi filmer pour pouvoir l'emmener. Brown a dit que c'est le sous-directeur qu'il l'envoyait ici.  Bla, bla. Alors Brown est reparti et revenu avec le Capitaine Bacon puis ils ont fait sortir Rick de sa cellule. Je vous raconterais plus tard ce qui aura été dit dans le bureau. Je suis content que Massey tienne sa parole, même s'il a deux jours de retard. Il faut entretenir une ligne de communication parce que celle-ci est indispensable pour tenter de résoudre les problèmes. Même lorsque quelqu'un de haut placé se déplace jusqu'ici, lors d'un incident grave, il est bien rare de pouvoir entamer un quelconque dialogue parce qu'à ce moment-là, nous sommes plutôt énervés et ils débarquent ici en nous prenant de haut, du coup rien ne peut se résoudre de cette manière. Deux hommes en colère qui se tiennent tête n'aboutiront jamais à quelque chose de positif.

Ce matin au petit-déjeuner, ils ont dit à DW qu'il est toujours en lockdown. Il était sorti du lockdown voilà deux jours. Les caractères s'enflamment et les injures fusent. Cela coupe court à la paperasse qu'ils jugent comme étant fausse. Ils finissent par résoudre le problème deux heures plus tard.

Ils ramènent Rick et viennent me chercher. J'y suis allé et nous avons parlé de plusieurs choses qui pourraient être résolues facilement pour la nourriture, la classification, les vêtements, les appels téléphoniques et les visites spéciales. Il m'a assuré qu'il se pencherait sur chacun de ces problèmes et que si nous relâchions un peu la pression, la classification serait appliquée selon le règlement ; et que de leur côté, ils nous lâcheraient un peu les baskets. Lorsque nous serons sages, alors ça, je demande à voir. Il veut juste nous pacifier. Il ne peut pas faire grand chose personnellement. Il a deux directeurs au-dessus de lui, mais il avait l'air sincère quand il a dit qu'il se pencherait sur chaque problème que nous avons évoqué. Il a aussi parlé avec Chi Town.

Après avoir parlé avec Chi et Rick, c'est évident qu'il a utilisé le même discours avec chacun d'entre nous. Chi Town a parlé des miroirs et il lui a répondu que nous ne pouvons pas en avoir à cause des couteaux qui pourraient être fabriqués avec. C'est une excuse bien pauvre parce que, même s'ils étaient assez grands pour en faire des couteaux, on peut dire la même chose d'une cuillère ou d'un stylo. Il y a beaucoup d'objets qui sont des armes potentielles et les miroirs sont en bas de la liste. En plus, avant ils nous vendaient des miroirs qui n'étaient pas plus épais que deux feuilles de papier. Je ne sais pas pourquoi ils ne les vendent plus.

Hier et aujourd'hui, il n'y a eu aucune récréation pour le couloir. Pourquoi ? À cause de la maintenance qui travaille dans le bâtiment, répare les lumières et les portes. Regardez plutôt ça. L'équipe de maintenance ne peut se trouver que dans un seul bloc à la fois, pourtant les six blocs ont été privés de récréation. Cela n'a aucun sens parce que le service de maintenance se trouve toujours dans un bâtiment ou dans un autre. Ils n'ont fait cela que pour suspendre les récréations et nous ne rattraperons pas les récréations perdues. Puisque la maintenance ne peut se trouver que dans un seul bloc à la fois, pourquoi tous les blocs sont-ils fermés ? C'est la logique du TDCJ, selon le Major Lester, c'est ce qu'on nous dit.

J'ai aussi reçu un retour sur un I-60 du conseiller Kunkle. J'avais écrit et demandé " M. Kunkle, comment allez-vous faire fonctionner ce cumul de restriction de cellule ? J'y suis depuis décembre 2001. D'autres aussi. Pourriez-vous m'expliquer ? ". Sa réponse : " Nous avons été informés qu'à partir du 8 avril 2002, ceux qui ont excédé la période de restriction de cellule de 90 jours verront leurs décisions disciplinaires annulées et ils repartiront de zéro. De zéro à 90, utilisez tout et vous repartez au début. La raison pour laquelle cela ne changera qu'à partir du 8 avril 2002, c'est qu'il faut un peu de temps pour mettre cela en place, c'est ce qu'il m'a été dit. Restez calmes. R. Kunkle. CSI ".

Alors apparemment, à partir du 8 avril, Chi Town, Rick, Hank, DW et moi serons soulagés de ces restrictions pour repartir de zéro. Nous verrons bien ce que le 8 avril nous réserve. C'est un lundi, le jour de récréation pour le niveau III, donc nous devrions donc y avoir droit.

J'ai aussi déposé deux plaintes internes, vous pouvez lire les réponses sur :

http://www.deathrow.at/polunsky/news/1.jpg
http://www.deathrow.at/polunsky/news/2.jpg
http://www.deathrow.at/polunsky/news/3.jpg
http://www.deathrow.at/polunsky/news/4.jpg

Tout cela est mort pour le moment parce que je ne vais pas bouger pour le moment. Je ne peux pas aller plus haut.

Je vais terminer avec ma lettre adressée au sous-directeur Chance. C'est une excuse publique pour mes actes du 12 janvier 2002. Un seul homme n'est pas à blâmer pour notre souffrance, il n'est qu'un rouage du système et même si je n'apprécie pas son attitude, mes actes n'étaient pas justifiés. Je suis encore un homme pour pouvoir admettre cela.

Voilà c'est tout pour cette semaine.

Dans la lutte et la solidarité,

Paul Colella
#999045 - Polunsky Unit
3872 FM 350 South
Livingston
TX 77351-9630
USA

paul@deathrow.at

Warden Chance,

Tout d'abord, je voudrais vous dire que je n'ai pas d'animosité à votre égard en tant qu'homme. C'est le système que vous représentez et dont vous faites partie que ma colère et ma frustration ne peuvent plus supporter. Certains pensent que je n'étais pas sincère dans mon article " Instinct Primaire " lorsque j'ai évoqué la honte que j'aie ressentie après de tels actes. Je suis sincèrement désolé d'en être arrivé là et il m'a fallu une bonne dose d'introspection pour réaliser combien j'avais déraillé car vous ne m'aviez rien fait personnellement. Pour cela, je vous demande d'accepter mes excuses. Deuxièmement, je regarde vers le passé et je réalise que vous étiez en chemin pour venir me parler. Pour cela aussi, je m'excuse. Ensuite pour avoir étalé publiquement une telle hostilité à votre égard, je m'excuse.

Vous n'êtes pas bête sinon vous ne seriez pas là où vous êtes aujourd'hui, alors je sais que vous comprenez ma colère et ma frustration liées à ma situation. Je ne m'attends pas à ce que vous me pardonniez ou même que vous mettiez de côté votre ressentiment à mon propos mais je vous demande de comprendre le pourquoi du comment. Vous êtes sans aucun doute un homme meilleur que moi, car si j'avais été à votre place, je n'aurais pas pu me contrôler comme vous l'avez fait. Votre colère était justifiée.

Je fais cette excuse publique simplement parce que je vous ai humilié et décrié sur la place publique. Comme je l'ai déjà dit, je ne demande que votre compréhension face à cette situation.

Avec toutes mes sincères excuses,

Paul Richard Colella.

" Ceux qui rendent impossibles les révolutions pacifiques rendront les révolutions violentes inévitables ". John F. Kennedy.
 

Traduction par S. Ageorges
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