EN DIRECT DU COULOIR DE LA MORT DU TEXAS
Par Paul Colella
Semaine du 1er mars 2002
 
Le 1er mars,
18h53 - Je suis vert de rage depuis le début de la journée et j'ai vraiment du faire des efforts pour me retenir et ne pas péter les plombs.

Voilà la situation et jugez par vous-mêmes :

Le 21 février, le directeur Zeller nous place, Rick, Chi Town, T, Soulja et moi, en semaine 2 du lockdown. Il n'y a que Chi qui ait un petit peu déconné. Rick n'a rien fait depuis le 9 février, Soulja a eu un rapport disciplinaire pour possession de contrebande. T et moi n'avons rien eu du tout pendant cette dernière semaine.

Aujourd'hui, le directeur Zeller nous place, Chi, DW, Rick et moi, de nouveau en semaine 1. Il nous avait passé à la semaine 2 la semaine dernière, donc le bon comportement de Rick et le mien sont récompensés en retournant à la case départ. La seule chose à laquelle je peux penser c'est qu'ils nous punissent, Rick et moi, parce que Chi a allumé un feu mais maintenant, ils ont aussi mis DW dans le même planning que nous. Si, il y a quelque chose d'amusant. DW a eu un apport pour refus d'obtempérer mais ce n'est pas un rapport pour comportement  perturbateur, ce qui est sensé être la seule raison de renvoyer quelqu'un à la semaine 1.

Vous y comprenez quelque chose vous ? Parce que moi non. Je suis dubitatif. Soyez sages et vous retournerez en semaine 1. Ca n'a aucun sens ? !

Le 2 mars,
8h51 - Bon, on a tout retourné dans nos têtes pendant la nuit et nous sommes parvenus à la conclusion que le sous-directeur Chance est probablement derrière tout ça. C'est la seule chose qui puisse avoir un sens. Il sait que Chi Town et Rick sont mes amis, du coup il nous coince tous. DW a déjà entarté plusieurs gardiens dans le passé, du coup il le fait payer aussi.

Mais vous savez quoi ? Ils peuvent fabriquer tous les rapports disciplinaires de la terre, de toutes façons, ils nous montrent que ça ne sert rien de bien se tenir. Donc, nous pouvons nous comporter aussi mal que nous le voulons parce que quoi qu'il arrive nous allons payer.

Continuez à téléphoner, à écrire et à nous soutenir parce que sans cela, ils auraient encore dépassé un peu plus les limites.

Voyons ce qu'aujourd'hui nous réserve. La goutte d'eau qui fera déborder le vase n'est pas loin. Pourquoi est-ce qu'ils ne nous fichent pas la paix. Je ne comprendrais jamais.

Le 3 mars,
10h17 - Bon, alors la rumeur selon laquelle le gardien Pierce aurait été viré N'EST PAS VRAIE. Il travaille dans notre bloc aujourd'hui. Le mec a été filmé EN VIDÉO en train de donner QUATORZE coups de poing à Rick et il est TOUJOURS LÀ, 14 fois, dont la plupart après que Rick ait été menotté.

Je ne comprendrais jamais la logique de cet enfer. Cette semaine, j'ai ajouté à la fin de mon journal, une lettre que j'ai envoyée au directeur Zeller. Elle est un peu agressive mais tant pis. On a essayé d'être gentils et agréables sans obtenir aucune réponse. Je ne sais même pas pourquoi on a essayé mais je ne veux pas que quelqu'un puisse dire que nous n'avons pas tenté de nous y prendre calmement.

Nous avons parlé au Ltd Price et il dit que leur justification c'est que nous refusons d'être réveillé pour le contrôle de nos noms et numéros d'écrou pendant la nuit et que Chi avait une lame de cutter, ce qui est considéré comme de la contrebande mais que nous avions le droit de posséder auparavant. Ils ont appelé ça une arme. Merde, avant on en avait des centaines et jamais personne ne s'est servi de ça pour nous placer en lockdown. Aucun comportement perturbateur.

Pierce sert le déjeuner et commence à mettre le bordel en ne nous servant pas de boissons. Il est supposé attendre un Sergent pour nous nous  nourrir mais il était tellement arrogant qu'il ne peut pas attendre. Je vais bloquer ma trappe à cause du chauffage.

D'accord, je bloque la trappe. Le Sgt Griffin arrive. Tous les gardiens et le Sft Griffin portent leurs manteaux et ils nous disent que le chauffage marche. Ils vérifient les cellules 77 et 75, et ils disent que ça souffle bien de la chaleur. Je suis d'accord, sauf que ce n'est pas suffisant. Le Sgt Griffin va, avec le Lt Price, vérifie le reste du bloc et admet qu'il y a un problème.

Chaque fois qu'il va se passer un truc, on dirait que c'est le calme avant la tempête. On pourrait couper la tension au couteau. Ils veulent des comportements perturbateurs et je suis certain qu'on peut leur en donner. Ce que je vous raconterais.

Le 4 mars,
16h54 - Une autre journée calme. Rick et moi essayons de savoir pourquoi nous sommes repartis à la semaine 1. Personne ne nous donne de réponse.

Ils viennent d'apporter les Johnny sacks pour le dîner. Salami, beurre de cacahuète et raisins secs. Comme chaque jour. À part que T. et Soulja sont en semaine 3 et qu'ils sont sensés avoir un repas chaud au déjeuner et au dîner les lundi, mercredi et vendredi. Aujourd'hui, ils ont eu un repas chaud pour le déjeuner, mais au dîner, le Sgt Hotea a dit qu'il allait leur donner des Johnny sacks, pour essayer de les faire dégoupiller. Ce n'est pas de son ressort de modifier le règlement. Le Sergent Hotea a vraiment l'air d'un enfoiré. Depuis le début de ce lockdown, tout n'est qu'une succession de provocations, provocations inutiles.

Je viens de relire le code pénal, et c'est la loi de l'état qui autorise les familles à nous rendre visite, article 43.17. Je vais essayer de poursuivre là-dessus parce qu'il est clair que nous ne présentons pas une menace à la sécurité de l'établissement. Ils ne peuvent pas justifier cette période le lockdown, merci à chacun d'entre vous de continuer à mettre la pression. La chose la plus grave qui se soit passée depuis le 21 février, c'est que j'ai refusé d'être réveillé pour donner mon nom au milieu de la nuit (c'est très perturbateur, hein ?) Absolument pas ! !

Mot pour mot, la procédure administrative 03.31 pour la procédure du lockdown :

- la mise en place du lockdown est une décision sérieuse de la direction en réponse à une menace immédiate ou imminente pour la sécurité et l'ordre d'un établissement.

f. Tout COMPORTEMENT PERTURBATEUR (ie. Menace pour le personnel et/ou les autres détenus, inondation des cellules, incendie d'objets divers et variés ou tout autre acte de cette nature) , continu ou discontinu, pourra entraîner le retour du détenu à la semaine précédente du planning de lockdown. SI SEULEMENT UNE PORTION des détenus est impliquée dans ces problèmes COMPORTEMENTAUX, ces détenus seront renvoyés au planning de la semaine précédente OU continueront avec le planning de la semaine en cours.

g. III. S'assurer que la procédure de lockdown est dûment suivie est la responsabilité du directeur concerné, du directeur régional, du directeur des opérations, du directeur général des services concernés ou désigné en tant que tel.

Mes amis, opposants à la peine de mort, je joins ci-après copie d'une lettre à adresser au directeur général/directeur régional/ombudsman office. Merci de l'imprimer, de la signer et de l'envoyer d'urgence.

Dans la lutte et la solidarité

Paul Colella
#999045 - Polunsky Unit
3872 FM 350 South
Livingston
TX 77351-9630
USA
paul@deathrow.at


Lettre adressée à : Directeur Général Gary Johnson, au directeur régional et du bureau de  l'Ombudsman Messieurs,

Le 9 février, 2002, les prisonniers Tommie Hughes #999273, Paul Colella #999045, Richard Cartwright #999224, Leon Dorsey #999354 and Rick Rhaodes ont été placés en lockdown selon la directive référencée dans le règlement selon l'article 03.31.

Le 22 février, 16 jours plus tard, ils auraient dû avancer d'une semaine. Ils étaient tous à cette date à la semaine 2 du planning.

Le 1er mars, les prisonniers Dorsey et Hughes ont avancé à la semaine 3, alors que Rhoades, Cartwright et Colella ont été renvoyés à la semaine 1. Pendant cette semaine du 22 février au 1er mars, seul le prisonnier Cartwright a eu un rapport disciplinaire pour comportement perturbateur (début d'incendie). Les prisonniers Colella et Rhoades n'ont eu aucun comportement perturbateur.

Ceci est un abus évident de la procédure par les autorités en place et une violation de l'article AD 03.31. Il apparaît dans le règlement que le lockdown peut être appliqué pour punir un comportement PERTURBATEUR et/ou une menace à la sécurité de l'établissement.

Il n'y a aucune raison valable que les prisonniers Rhoades et Colella aient été renvoyés à la semaine 1 du lockdown alors qu'ils n'ont fait preuve d'aucun comportement perturbateur et/ou menaçant. Pourquoi sont-ils retournés au début de la semaine 1 ?

Selon le règlement article AD 03.31 - Sec G-III

" S'assurer que la procédure de lockdown est dûment suivie est la responsabilité du directeur concerné (James Zeller), du directeur régional, du directeur des opérations, du directeur général des services concernés ou désigné en tant que tel. "

Il est clair que quelqu'un ne prend pas ses responsabilités car la procédure en cours ne respecte pas le règlement, elle est utilisée à titre de punition et n'est pas, dans le cas présent, destinée à écarter une menace comme il est indiqué dans l'article 03.31.

Je tiens, par la présente, à me plaindre du directeur James Zeller, de ses abus concernant le lockdown qui est normalement le reflet d'une décision administrative sérieuse en réponse à une menace immédiate pour la sécurité et l'ordre de l'établissement concerné.

Même lorsque ces hommes ont été placés en lockdown, ils ne représentaient pas de menace à l'ordre et à la sécurité de l'établissement. Tout ceci n'est qu'une man¦uvre pour provoquer ces hommes une fois de plus, en les renvoyant au début de la procédure de lockdown.

Je vous demande instamment de bien vouloir faire le nécessaire afin que le règlement soit appliqué.

Dans cette attente, veuillez croire, Messieurs, à l'expression de mes respectueuses salutations.


Lettre au directeur James Zeller

Monsieur le directeur,

Je ne comprends pas votre logique. Je n'ai pas eu ou participé à aucun comportement PERTURBATEUR depuis que j'ai été placé en semaine 2. Rick Rhoades n'a pas non plus montré un comportement PERTURBATEUR depuis le début du lockdown.

Vous nous avez tous placés en lockdown pour comportements PERBURBATEURS. Je n'ai pas eu de rapport disciplinaire pour ce motif depuis le 9 février, mais j'ai été impliqué dans les événements des 13 et 21 février dernier. C'est pourquoi je devrais être en semaine 3 mais le 22 février, vous m'avez placé en semaine 2 et je n'ai pas eu de comportement perturbateur depuis, pas plus que le reste du groupe.

Vous avez avancé Leon Dorsey et Tommie Hughes. Pourquoi n'avez-vous pas avancé Rick Rhoades ? Il n'avait rien fait.

Il semble que ce vous nous dîtes se résume au fait que quel que soit notre comportement, cela n'a aucune importance car vous allez nous renvoyer au début du planning quoi qu'il arrive. Très bien, directeur Zeller, mais au moins ayez les tripes de nous le dire en face au lieu de tournicoter la vérité pour justifier cette utilisation détournée de la procédure de lockdown.

Il n'y a aucune menace pour votre prison. Il n'y a jamais eu de justification à cette procédure de lockdown, point. Pourtant, vous continuez à abuser de votre pouvoir.

Vous contournez le règlement systématiquement et vos employés font de même, vous le transformez selon vos interprétations du moment comme cela vous arrange et c'est exactement ce contre quoi nous protestons. Nous n'avons rien à gagner avec un bon comportement parce que nous sommes punis de toutes façons.

Dites-moi donc si tout cela a un sens. Le 22 février, vous avez passé en semaine 2 : Paul Colella, Rick Rhoades, Leon Dorsey, Richard Cartwright et Tommie Hughes. Durant la semaine du 22 février au 1er mars, seul Richard Cartwright a eu un comportement perturbateur, pourtant les seuls que vous avez passés en semaine 3 sont Leon Dorsey et Tommie Hughes, expliquez-moi-ça !

Ce que vous devriez faire plutôt que de passer 4 heures à divertir le personnel du couloir serait de vous déplacer lorsqu'il y a un problème pour vous rendre compte par vous-même. Vous acceptez sans interrogation les versions de vos gardiens, mais vous ne comprenez pas ou vous ne voulez pas croire à quel point vos employés vont déformer et parfois même fabriquer les rapports. Je ne comprends pas pourquoi tout cela est si difficile à croire. Nous ne sommes pas des anges. C'est un fait, mais tout ce qui se passe en ce moment a à voir avec de la provocation et vous le savez aussi bien que moi. Votre système de plaintes internes est une sombre fumisterie. Une enquête se résume à cela : avez-vous fait cela ? Que répondriez-vous ?

Comme je l'ai déjà exposé, comment voulez-vous que les prisonniers suivent le règlement et la procédure lorsque vos propres employés ne le font pas ? Je ne comprendrais jamais votre logique.

Je sais que vous avez laissé Mr Chance influencer votre décision à propos du lockdown. Soyez sûr de le tenir responsable quand la tension redescendra, et faites-moi confiance, vu la façon dont vous autorisez vos employés à se laisser aller, la tension retombera bien un jour.

Paul Colella
#999045

Traduction par S. Ageorges
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