ACTIONS ET RÉACTIONS II
Par Derrick Jackson
Le 4 février 2002
Depuis mon premier article " Actions et Réactions " je me suis demandé si j'allais en écrire un deuxième mais le bon vieux Sergent Duff du 3ème Service ne m'en a pas laissé la possibilité !

Le 28/1/02, aux environs de 3.30 du matin, au petit-déjeuner, le Sergent Duff est dans le bloc F et sert des plateaux froids pour le petit-déjeuner ! Il m'a demandé si je voulais du café et pourquoi j'avais un gobelet ! (ne me demandez pas pourquoi, demandez lui). Je lui réponds que je n'ai pas besoin d'un gobelet car le mien m'avait été restitué après m'avoir été illégalement confisqué pour une court laps de temps et ce à cause des agissements d'un autre détenu ! Alors que le Sergent Duff m'a ordonné d'aller m'asseoir sur mon lit si je voulais mon plateau, j'ai remarqué qu'il ne manipulait pas la trappe correctement ; j'ai juste ri. Un bon point pour lui, le lendemain, il avait appris à le faire correctement, c'est ce que je me suis dit jusqu'à ce qu'il la referme violemment sur ma main. Lorsque je lui fait remarqué, après qu'il ait réitéré l'opération une deuxième fois, que c'est justement parce qu'il y a ma main qu'il n'arrive pas à refermer la trappe, il devient fou de rage, me dit qu'il ne l'a pas fait exprès et me demande si j'ai besoin d'aller à l'infirmerie ! Le Sergent Duff est simplement devenu incroyable depuis que je l'ai rencontré il y a un an et demi mais bon, je me dis qu'il ne l'a pas fait exprès, certaines personnes sont nées comme ça mais ces gens-là se retrouve à des postes à responsabilité.

Aujourd'hui, nous sommes le 4 février et le Sergent Duff m'a réellement fait peur dans le vrai sens du terme. Il est devant la porte de ma cellule pour servir le petit-déjeuner avec un grand bouclier anti-émeute (et je me demande ce qu'il se passe) et il me demande si je veux manger. J'ai quasiment la trouille de lui dire oui. Je remarque une gardienne avec le café (qu'elle verse dans les gobelets), elle ne porte pas de filet sur les cheveux, pas plus que le prisonnier/porteur qui pousse le chariot. Mais le Sergent Duff est déjà en train de servir un autre plateau et il tient toujours ce grand bouclier devant ma porte.

Le 31 janvier 2002, 3 détenus se sont faits gazer et j'en ai reconnu un en particulier à sa manière de réagir aux plateaux froids (il refuse qu'on lui serve de la nourriture froide). Un type s'est fait gazer puis passer à tabac par les gardiens (à cause des portes de cellule, il a pu éviter que les gardiens entrent dans sa cellule). Lorsqu'ils ont finalement réussi à entrer dans sa cellule avec une équipe de 5 hommes (embarrassés, frustrés ou je ne sais quoi), ils sont tombés sur lui et le type s'en est tiré avec des blessures multiples : une épaule luxée, un coude abîmé et de multiples contusions très visibles. Nous l'avons entendu hurler de douleur jusque dans la section voisine, où je suis logé. Ils l'ont sorti de sa cellule et l'ont déménagé à l'étage où je me trouve. Bien qu'ils aient passé à peu près une heure pour sortir un détenu de sa cellule, ils ont en fait emménager un autre détenu dans sa cellule immédiatement ! Ne me demandez pas, cela doit bien avoir un sens pour quelqu'un ! Ces incidents se produisent parce que les détenus veulent de la nourriture chaude ou bien parce qu'ils veulent être dans des cellules où la lumière fonctionne. Un détenu, en F 58, n'a pas de lumière, il ne peut pas travailler sur son dossier juridique et faire les recherches nécessaires en dehors des heures de lumière du jour. Les Sergents continuent de lui coller des rapports disciplinaires (pour refus d'obtempérer) parce qu'il cherche simplement à avoir de la lumière !

Des choses bizarres se sont passées juste avant la fin du mois de janvier. Les gardiens ont été en rupture de stock de gaz ! (c'est ce que dit la rumeur). Je ne peux pas le confirmer mais je sais qu'à la fin janvier, les gardiens ont fait deux extractions de cellule pour la première fois (depuis que je suis ici) sans utiliser de produits chimiques. En général, l'utilisation de produits chimiques est la première étape, même quand cela n'est pas nécessaire !

Maintenant que je parle de cette histoire de trappe, j'en rigole. Ces boites sont vraiment devenues une source de blague et un obstacle ou un danger pour les gardiens parce qu'elles n'évitent pas qu'ils se fassent asperger de choses et d'autres ; finalement elles augmentent le risque de blessures pour les gardiens. Mais comme je le disais, j'en risŠ Cela réduit nettement le degré d'intelligence des responsables comme le bon vieux Sergent Duff.

Pour conclure, une note à propos de nos thermolactyls qui ont été confisqués avant que la saison d'hiver ne soit terminée, et bien, le Major Lester a dit à Roy Pippin qu'il l'avait fait à titre de punition en réponse à une plainte déposée par Mr Pippin. J'imagine qu'il a fait cela pour que nous nous retournions tous contre Mr Pippin, mais cela n'arrivera jamais !

Les Chroniques du Couloir
Derrick Jackson
#999263

Traduction par S. Ageorges - (c) La reproduction totale ou partielle de ce document ne peut se faire sans l'accord préalable de l'auteur.

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